Poches noires à Kinshasa

La SNEL déjà essoufflée
Le Potentiel 20/06/2011)

Exaspérée par les ténèbres qui règnent dans les quartiers de Kinshasa, la population voudrait connaître le bien-fondé de l’existence de la Société nationale d’électricité.

Si l’obscurité était une pathologie, on l’aurait baptisée : « La maladie endémique de la capitale congolaise ». Que dire d’autre quand il se remarque que malgré toutes les promesses faites – aussi bien par le ministre de l’Energie que par les responsables de la Société nationale d’électricité (SNEL) – la quasi-totalité des communes de Kinshasa baigne dans le noir. Y compris le quartier présidentiel “Palais de Marbre” à Macampagne dans la commune de Ngaliema. Sans oublier Gombe, Limete, que sais-je encore…

Mauvaise foi ou irresponsabilité ? On ne le sait. Du moins, il y a une évidence…Grâce aux agissements de ceux qui sont censés nous fournir le courant électrique nuit et jour, les Kinois les moins instruits, mêmes les braves femmes analphabètes, ont pu s’enrichir des termes techniques tels que : F.D.R, délestage, disjoncteur brûlé, fusible sauté, transformateur en panne ou délocalisé, câble volé, etc.

Malgré ce constat lamentable, les responsables de la SNEL continuent à bomber le torse, comme s’ils ignoraient qu’il y a belle lurette que plusieurs quartiers n’ont vu une ampoule à tungstène ou un tube néon inonder de sa lumière les résidences qui s’y trouvent. Inutile de parler des réverbères qui faisaient jadis la fierté des rues de Matonge, de Yolo, de Bandalungwa, de Matete ou de Lemba. Le vocable éclairage public se conjugue désormais au passé, et Kin-la-Noire revit à l’ère de l’explorateur Henry Morton Stanley où les torchons et lampes-tempête étaient à la mode.

Découragés, beaucoup de ménages ont rangé leurs réchauds électriques et leurs fers à repasser au placard. Les postes téléviseurs, avec leurs fils déjà rongés par les souris et les cancrelats, sont remplis par des toiles d’araignée et réduits aujourd’hui en vulgaires objets d’ornement.

ECHEC CUISANT

Parmi les tributs payés par les Kinois à cause du mauvais service de la SNEL, il faut épingler la recrudescence du gangstérisme urbain, qui se remarque par des vols à main armée, à répétition, l’attaque des résidences de paisibles citoyens par des hommes en uniforme non contrôlés et le phénomène « kuluna ». C’est le cas de l’affirmer, quand on sait que tous ces délinquants sans foi ni loi commettent leurs forfaits à la faveur de l’obscurité.

Le tableau est trop sombre, et les dirigeants de la SNEL ne doivent pas s’en enorgueillir. Car avec le temps, les Kinois ont été réduits à l’aléatoire. En effet, ils savent plus rien faire dans le noir et leurs rejetons ne peuvent pas récapituler leurs leçons ou faire leurs devoirs à domicile.

Pourtant, il se raconte dans certaines sphères que le gouvernement de la République aurait débloqué la bagatelle somme de 51 millions de dollars, pour que Kinshasa, la capitale du pays qui posséderait le plus grand barrage hydro-électrique du monde en termes de potentiel, ne puisse rien envier à Paris – la ville lumière – ou aux éblouissantes artères new-yorkaises. L’opinion voudrait être fixée, surtout que du côté de la SNEL, le DG et la DGA déclarent que leur société est en train de tout réaliser sur fonds propres. Mais de quelles réalisations parle-t-on, du moment qu’on ne voit rien de palpable sur le terrains ?

Et dire qu’au cours d’une cérémonie de remise reprise, l’actuel ministre de l’Energie avait promis que sous son règne, on ne parlera plus de poches noires à Kinshasa.

Devant cet échec cuisant, certains de nos responsables auraient dû – au nom de l’honneur et de la dignité – rendre le tablier comme on le fait sous d’autres cieux. De l’avis de l’opinion, le DG de la SNEL et tous les responsables de cette entreprise feraient mieux de démissionner. Car, incapables de répondre aux attentes du peuple.
Par Donatien Ngandu Mupompa